On dit que Josepha...
de Gwendoline Soublin
Mise en scène Philippe Mangenot,
Avec Simon Alopé, Laure Barida, Johan Boutin et Mathilde Saillant
Production : Compagnie Théâtres de l’Entre-Deux
Co-production : Festival en Acte(s) / création en 2018 au TNP
Avec le soutien de la Ville de Lyon et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes
À Babylone-sur-Isette, les dimanches sentent l’ennui et la terre humide. Un groupe d’adolescents zone sur le parking de l’Intermarché, près de la départementale D940.
Depuis quelques semaines, des nuées de coccinelles ont envahi le village et les champs de betteraves alentour. On dit que Josepha, une vieille paysanne taciturne du coin, y est pour quelque chose...
Extrait
- De qui tu parles ?
- Elle parle de Josepha.
- La Josepha ?
- Mon oncle raconte qu'elle n'était pas bavarde mais très coquette. Il paraît qu'elle se vernissait les ongles de toutes les couleurs : du grenat, du bleu, du jaune, du vert olive, et qu'elle en changeait aussi souvent que possible. Elle avait les mains calleuses, Josepha, à force de bêcher, sarcler, piquer. Mais ses mains crottées de paysanne, elle les repeignait chaque fois que l'arc-en- ciel s'effritait. C'est comme ça qu'il disait mon oncle : chaque fois que l'arc-en-ciel s'effritait.
- C'est beau.
- Dis pas ça.
- Quoi ?
- Que c'est beau. C'est pas beau. Faut pas oublier ce qu'il s'est passé.
- J' oublie pas.
Dans cette fable « rurale », Gwendoline Soublin porte un regard tendre et touchant sur ses personnages. On l’a tous peut-être vue un jour, cette « Josepha », sorte d’ermite de nos campagnes, délibérément isolée du monde et reliée à la nature qui l’apaise, par son potager et ses animaux…Figure mystérieuse qui nous fait penser à la magnifique trilogie de Depardon sur le monde paysan, mais aussi au livre de Pierre Sansot sur « Les gens de peu ». Ce dernier pourrait dire, en parlant de Josepha : elle possède un don, celui du peu, comme d’autres ont le don du feu, de la poterie, des arts martiaux, des algorithmes. Cette petitesse suscite aussi bien une attention affectueuse qu’une volonté de bienveillance…
Et puis, la belle trouvaille de Gwendoline Soublin, c’est que pour rompre avec leur ennui, les adolescents de Babylone-sur-Isette vont convoquer…le Théâtre et enquêter sur la mort de Josepha. Car derrière le jeu du « on dit que », il y a la rumeur, bien sûr, mais il y a surtout la possibilité de faire naître « une fiction » sous nos yeux, et cette fiction viendra questionner le passé de ce petit village.
N’est-ce pas là une merveilleuse utopie : une jeunesse qui s’emparerait joyeusement du théâtre, pas simplement comme un divertissement mais comme un outil de compréhension du monde ?
Presse
Ces quatre jeunes gens, interprétés avec brio par Simon Alopé, Laura Barida, Johan Boutin et Mathilde Saillant, investissent tout l’espace du théâtre. Ils jaillissent des recoins, se hèlent du balcon, rigolent tant et plus jusqu’à ce que l’un d’entre eux évoque une inquiétante vieillarde, Josepha, à laquelle la rumeur prête de troubles pensées et de sombres desseins. Les frissons alors gagnent la bande des quatre… Plongée dans un polar où le crime est imaginaire et l’assassin improbable.
Mais l’essentiel est ailleurs, dans la transformation de ces jeunes pas très futés qui se mettent à inventer une fiction, à la vivre même, faisant ensemble un théâtre qui les fait grandir.
Philippe Mangenot assure la mise en scène impeccable de cette très jolie fable, de même qu’il dirige ses acteurs feux follets avec doigté. Rappelons-nous le nom de cette jeune autrice, Gwendoline Soublin. Elle ira loin !
Trina Mounier, Les Trois Coups, septembre 2018
On dit que Josepha de Gwendoline Soublin conte, d’une manière joyeuse, savoureuse et chorale, la triste destinée d’une vieille femme et d’un jeune homme dans un village qui meurt.
Gilles Costaz, Web Théâtre, mars 2018
On dit que Josepha c'est d'abord quatre jeunes acteurs formidables issus du conservatoire de Lyon qui s'emparent d'un texte pour en jouer tous les personnages, entre fiction et réalité. La pièce se passe à Babylone-sur-Isette, un petit patelin où l'ennui est propice, pour ces quatre adolescents, à mettre en scène avec le rythme qui est celui de la jeunesse, une rumeur et laisser libre cours à leur imagination délirante, au jeu du "on dit que...".
On dit que Josepha, c'est aussi la révélation d'une jeune autrice diplômée de l'ENSATT de Lyon, au texte ciselé qui ne manque pas de souffle et dont les racines plongent dans la magie de la ruralité.
On dit que Josepha c'est enfin une direction d'acteurs au service du jeu et de l'imaginaire, à l'inventivité folle face à un dépouillement scénographique imposé. Philippe Mangenot sait magnifier l'énergie d'une jeunesse talentueuse en l'invitant à investir tout l'espace (y compris les gradins) en côtoyant même les spectateurs. Il émane de la pièce une vitalité, une fraicheur et une chorégraphie chirurgicale des acteurs.
Genèse et présentation par l'autrice, Gwendoline Soublin
Entretien avec Philippe Mangenot autour du spectacle et de l'oeuvre de Gwendoline Soublin
(6mn)
On dit que Josepha est disponible dans tous les collèges et les Lycées de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
Si vous souhaitez accueillir le spectacle dans votre établissement, prenez connaissance de toutes les informations sur notre page "Accueil d'une représentation en milieu scolaire".
Souvenirs de notre représentation du 26 mai, à Saint Maurice de Beynost, avec le théâtre Allegro !
Un théâtre au coeur de la Cité !
On dit que Josepha de Gwendoline Soublin